jeudi 22 avril 2010

atelier d'écriture

En janvier, Godefroy Segal, metteur en scène du spectacle Quatrevingt-treize a animé un atelier d'écriture de 6 heures avec une quinzaine d'étudiants en DAEU (diplôme d'accès aux études universitaires). En voici quelques extraits :


Partir de Hugo pour écrire. Ou plutôt, écrire pour arriver à Hugo. Donner juste du sens au travail de l’écrit, travail de soi. Ecouter, percevoir, sentir, voir, se rappeler, se souvenir, se mettre en colère, s’émouvoir, pleurer, rire… Les mots ne sont que tout ça. Il y a donc ici un travail de mémoire, de petites choses dont on pense qu’elle ne sont pas digne d’écrits. Décrire, écrire, raconter. Nous avons travailler, dans un premier temps sur le souvenir de ce que l’on voit de sa chambre. Tout ce que l’on voit. Puis il y a eu la description de la télévision de la classe. Un peu comme ce poème de Rimbaud, du vieux buffet. Puis, comme Apollinaire et son Zone, une balade, une histoire en parlant de soi à la 2ème personne du singulier et au passé. Puis un travail sur un tableau, un tableau chargé d’histoire, où chacun devait retrouver, inventer une histoire individuel en observant un petit personnage. Le descriptif, le narratif, soi dans tout, avec ses mots, ses respirations : écrire.


Godefroy Segal



De ma fenêtre...


Il y a une terrasse en grés rose et jouxtant celle-ci, un bac en pierres et là, devant mes yeux des agapanthes venues adoucir la douleur d’un corps malade, il y a à ma gauche, le porche en bois blanc, et au fond sa petite porte de cave, il y a justement cette cave aux secrets, recouverte de terre, de lierre, et un peu plus loin, un prunier, reine-claude au goût sucré d’été, il y a en face la terrasse, un barbecue en pierre et son banc en bois pour déguster les grillades, il y a la pelouse déformée par les racines d’un vieux cerisier qui tient à se montrer, il y a un camellia en fleur, tête à tête avec un rhododendron endormi, il y a cette allée cimentée entre deux murets en pierre, et d’un côté le potager et ses poireaux gelés, de l’autre une cabane sur pilotis où semble raisonner des rires d’enfants, il y a cette balançoire bercée par le vent, à sa droite une rangée de pommiers se tenant par la main, il y a une bande de lavande dans ce bout de jardin, une remise pour les outils et les vélos, des palplanches qui délimitent notre dépendance et beaucoup plus loin, une maison blanche qui semble vouloir s’immiscer, il y a ce petit coin d’intimité qui nous invite à tant de liberté.

M.


Il y a la route goudronnée, humide de pluie, le parking chargé de voitures banales, les lampadaires diffusant une lumière blafarde et cet immeuble aux couleurs fades, il y a ces fenêtres reflétant le ciel gris de cette matinée de janvier, il y a ce toit noir et abîmé, il y a ces cheminées ne crachant aucune fumée, il y a ce ciel signe de liberté et ces oiseaux qui virevoltent, virevoltent à n’en plus pouvoir.

J.


Le poste de télé noir


Elle est de forme rectangulaire et de couleur noire. Son écran, lui, est carré et grisonnant. Du côté gauche et droit de celui-ci, deux Haut-parleurs. Sa taille en impose, elle est loin d’être un écran plat. C’est une télé de marque Telefunken. Elle est accrochée au mur, sur un porte-télé, pourrait-on dire. Puis maintenue par une sangle reliée à une chaîne métallique qui se perd au-delà du plafond. Elle semble porter le poids de ses années.

A.


Histoire à la manière de Zone d'Apollinaire


Te souviens-tu ?

Te souviens-tu de cette première nuit passée dans un magnifique manoir en Angleterre. Tout spécialement réservée par ta sœur pour son mariage. Revois-tu cette suite magnifique avec cet énorme lit et ces draps si agréables. La salle de bain, oh ! la salle de bain avec le jacuzzi, la douche immense et les vasques aux nombres de deux. Le tout décoré avec goût et à la manière des grands châteaux. Durant cette nuit, nous avons tout deux imaginé avoir du sang noble dans les veines ! Et puis il y avait notre « histoire », tu savais que c’était fini, nous le savions ! Entre nous, toujours autant d’amour, seulement, plus le même amour ! Afin de ne pas gâcher l’un des jours les plus heureux de ta sœur tant chérie, tu n’avais pas jugé utile de mettre ta famille au courant de notre rupture imminente. Toutefois, cette nuit-là, malgré les circonstances, nous avons savouré chaque minute intensément, nous perdant l’un dans l’autre, fuyant la réalité. Ce décor si romantique nous a fait perdre la raison. Les questions, les incertitudes, le quotidien, tout avait disparu laissant place à une atmosphère, chargée de féerie. Que cette nuit fût merveilleuse ! Cette nuit, tu ne l’oublieras jamais.

M.

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