lundi 24 novembre 2008

ANNE THÉRON - rencontre

Nous avons passé une semaine en compagnie d’Anne Théron. Elle est à la fois auteur, cinéaste et metteur en scène. Nous l’avons accueillie pour amour/variations son nouveau spectacle dont elle est à la fois l’auteur et la metteur en scène. Anne Théron dit volontiers d’elle qu’au fond elle est une vraie midinette. Qu’avec ce spectacle, elle voulait se situer du côté du mélodrame amoureux, à mi-chemin entre Moderato Cantabile de Marguerite Duras et Sur la route de Madison de Clint Eastwood. « Je ne suis pas dans une sacralisation de l’amour. J’essaye de montrer ce que peut représenter la présence de l’autre sans se toucher. La logique de la sensation prime sur la narration » explique-t-elle.
Après avoir beaucoup discuté avec le public, on s’est dit qu’il s’agissait, en fait, bien plus d’un spectacle sur l’impossibilité d’aimer que sur l’amour. Lors d’une rencontre après la représentation, une spectatrice était très virulente : « mais il devrait la prendre dans ses bras ! On ne sent pas qu’ils s’aiment. Pendant le tango, là oui, il y avait de la passion ! » Pedro Cabanas un des comédiens a répondu « vous êtes dans la frustration, vous l’avez ressenti. Ces personnages le sont aussi, ils n’arrivent pas à s’aimer, de peur de tout perdre ». On s’est dit avec Anne Théron que c’était aussi une pièce « sociale » en ce sens que pour ces gens qui ne possèdent rien (ce sont des domestiques) vivre l’amour c’est aussi risquer de le perdre. Ils auraient alors vraiment tout perdu, même cet espoir.

Les deux jours suivants, nous l’avons accompagnée au lycée Aristide Briand, pour rencontrer différents groupes de lycéens. Le lendemain matin nous avons reçu ce mail :


bonsoir

je voulais vous remercier pour la rencontre organisée entre Anne Théron et mes élèves de 1ère.
Ce fut très très riche, mais beaucoup beaucoup plus encore :

les élèves en sont ressortis absolument bouleversés et émus. Une fois qu'Anne Théron nous a quittés, nous avons encore parlé de la pièce et de sa merveilleuse auteur : les élèves ont été totalement conquis par Anne et sa façon de vivre et partager sa passion. Ils ont été étonnés de rencontrer quelqu'un qui vivait autant le théâtre, avec ses doutes et ses certitudes. Ils ont trouvé que ses réponses étaient non seulement enrichissantes mais propices à bien des commentaires, des rebonds, des ouvertures et des évasions. Elle nous a fait rêver. On en a parlé et reparlé, et à la fin des cours, deux heures après, il y avait encore plein d'étoiles dans les yeux des élèves et des mercis et des "quel choc! Alors, si vous avez la possibilité de lui transmettre nos remerciements chaleureux et nos félicitations,...n'hésitez surtout pas...

Aussitôt lu, aussitôt faxé à l’hôtel de Anne Théron ! Nous aussi ça nous fait du bien de lire que ces rencontres sont importantes pour les lycéens.

Enfin le fanal a proposé une carte blanche cinéma de deux jours à Anne Théron. Elle a choisit quatre films qui disent l’amour, les corps et le désir : Les Orgueilleux de Yves Allégret, Sur la route de Madison de Clint Eastwood, Intimité de Patrice Chéreau et l’Empire des sens de Nagasi Oshima. Chaque projection a été suivie d’une discussion entre Anne et le public. Comment le cinéma pouvait rendre compte de l’attente, du désir, de l’impossibilité d’aimer ? On a bien sûr fait le parallèle avec amour/variations, avec ce que le théâtre offrait lui de différent pour exprimer les mêmes émotions.
Après Intimité, Anne a repris la parole en disant : « je suis désolée, il y a longtemps que je ne l’avais pas revu ». En faite, elle s’adressait à des parents accompagnés par leur jeune fille. On l’avait vue la veille au lycée et reconnue. Elle avait dit à ses parents : « il faut qu’on y aille, il faut qu’on l’entende parler des films ». Alors ils l’ont accompagnée pour voir Intimité. Après le film et la rencontre qui a suivi, on s’est tous retrouvés au bar du fanal pour prolonger la discussion. On trouvait formidable que ces parents aient accompagné leur fille. La mère de la jeune fille a dit : « on fait confiance à notre fille ». Finalement ils ont commandé un sandwich et sont restés tous les trois pour L’E mpire des sens et pour la discussion qui a suivi. On est tous sortis littéralement épuisés, éprouvés par le film. Avec Anne Théron, nous avons trouvé ça beau des parents et leur fille qui parlent de cinéma, de désir, de recherche d’absolu dans le corps de l’autre et qui échangent avec toute une salle qui vient de partager ou pas, les mêmes émotions.

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